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le monde publié 30.05.2013 | voir web

tout sera oublié

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le monde publié 21.06.2013 | voir web

tout sera oublié

Par MARINE DE TILLY

Vade-mecum

Un jour, on demande au narrateur, double romanesque du peintre et illustrateur Pierre Marquès de créer quelque chose d'intéressant, non partisan, qui prenne en compte les souffrances de tous les camps, sur la guerre des Balkans. "L'été 1991, dit-il, les Serbes, les Bosniaques, les Croates commencent à se foutre sur la gueule et, vingt ans plus tard, on me demande d'imaginer un monument qui ne soit ni serbe, ni bosniaque, ni croate." C'est alors que commence pour lui, comme pour le héros de ce livre, la traversée des ruines d'une guerre "plus oubliée que terminée", un périple sur les traces du carnage. Ses stigmates. Sur les façades, le béton, sur les peaux et les visages. Traces végétales, traces minérales, tout sera bon pour tenter de se souvenir, de ne plus oublier cette Europe oubliée. Inutile de présenter Mathias Énard. C'est l'une des plumes françaises les plus stimulantes, les plus sidérantes aussi, de la littérature actuelle. La perfection du tir, Remonter l'Orénoque, Bréviaire des artificiers, Zone, Parle-leur de bataille, de rois et d'éléphants et Rue des voleurs. Rien que l'énumération de ses livres, c'est déjà un poème. Mais un poème de guerre, "des" guerres, de toutes les guerres d'Europe. Pas un seul de ses livres ne fait l'impasse sur cette pathologie de plus en plus répandue, qui l'obsède. "Sans guerres, écrivait-il dans Zone, l'histoire serait pétrifiée, le monde serait mort d'ennui." Mais Mathias Énard se trompe. Même avec les guerres, l'histoire est pétrifiée. Quand elle croit avancer, immédiatement elle recule, elle oublie. Amnésiques, l'histoire et ses hommes. Immobiles et tièdes. Il y a la guerre, les âmes, les corps et les villes déchiquetés, on souffre à la folie et on se dit "plus jamais ça". Mais une autre guerre arrive, et rebelote, "tout est oublié". L'expérience n'est rien. Dans ce livre qui étreint à chaque page, Énard, Marquès et leur héros rendent la mémoire à la mémoire. Avec les mots de l'un, les peintures sur photos de l'autre, ils enseignent le souvenir de cette guerre punitive. BD, roman illustré, graphique ou philosophique, poème visuel, documentaire de l'âme de l'ex-Yougoslavie, qu'importe ce qu'est cette "chose". Ce que l'on retient n'est ni la forme ni même l'histoire du narrateur ou celle de Marina, l'architecte qui l'accueille à l'Est, mais une atmosphère en suspension, belle et lourde comme un spleen, pénétrante, vaporeuse comme la mélancolie. Ce livre est d'une effarante puissance d'évocation : quelques mots, les photos retravaillées d'une ville, d'un téléphérique, d'une ancienne piste de bobsleigh des JO de 1984, d'une paire de mains qui écrivent, d'une forêt sous la neige, des empreintes des loups ou des corbeaux, d'un pont en lambeaux ou d'une façade de rue, et c'est comme si l'on regardait le scanner d'une guerre oubliée et perdue. Perdue parce qu'oubliée. Comme le dit le héros, "un putain de monument à la con" à la mémoire de la souffrance : voilà ce qu'est ce récit. Un beau, un dérisoire, un utopique "monument" qui porte, malgré tout, malgré lui, l'espoir d'un monde qui apprendra à ne plus oublier, pour ne plus recommencer.

Pourquoi le lire ?
Parce que le passé est la seule manière de voir le présent et, peut-être, d'espérer l'avenir. Parce que quand les guerres donnent des leçons, les hommes ne les apprennent ni même ne les entendent. Ils recommencent. Espérons que les livres fassent un peu mieux. Parce que tant que l'on oubliera, la revanche sera toujours tapie dans l'ombre. Parce qu'Énard et Marquès savent transformer le chaos en art. Et parce que les Balkans ont autre chose à vendre, à dire et à offrir que leurs blessures et les ruines de leur passé.

Où et quand le lire ?
Dans un train, sur la route de Sarajevo, de Mostar, de n'importe quelle ville de Pologne ou de Belgrade.

À qui l'offrir ?
À tous ceux, armés et qui se croient prêts, qui attendent la première étincelle pour relancer les machines de guerre. Ce livre est peut-être un grain de sable, mais il suffit d'un grain de sable pour enrayer une machine, même la plus puissante.

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MON MANÈGE À MOI + UN HAVRE DE PAIX
(2007-2011)

La serie Mon manège à moi, protagonizada por el célebre kalashnikov, parte en todas sus versiones de una técnica muy particular, la plantilla, una herramienta artística ancestral que en su uso contemporáneo está muy vinculada con el arte urbano, y que el artista mezcla con la poesía visual y el ready made. Aplicándola sobre papel de revista o periódico, ahonda en temas publicitarios, gastronómicos, deportivos, culturales, o reencuadra famosas escenas de obras de arte, proponiendo una nueva lectura política llena de humor y violencia formal.

Después de jugar con todo tipo de textos encontrados, el artista sale de su taller con la intención de experimentar con las técnicas de la pintura rupestre. La fotografía Un havre de paix documenta el nuevo emplazamiento que Marquès ofrece a sus armas, realizadas, en esta ocasión, con barro y pigmentos naturales; dejando sobre las rocas de un bosque francés la silueta del arma de fuego más utilizada de la historia.

En papel de periódico o satinado, sobre roca, con tinta china o en impresión digital, la propuesta estética del artista -transformado en poeta visual, para la ocasión- está al servicio de una violencia low que asoma en todos sus proyectos y va cargada de sátira, pero siempre dispara donde más duele, pasen y vean...

Aina Mercader, crítica de arte.

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Livre ebook

Le texte de Claro “Violent comme la rencontre dans un atelier d’un peintre et d’une kalachnikov” a été écrit pour l’exposition de Pierre Marquès “Enfin du nouveau sur la terreur” produite par Scrawitch et présentée en février 2012 à la galerie 6bis - 6 bis cité de l’ameublement à Paris XIe.

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Mathias ENARD
Pierre MARQUÈS
Tout sera oublié
2013

“L’été 1991, les Serbes, les Bosniaques, les Croates commencent à se foutre sur la gueule et vingt ans plus tard on me demande d’imaginer un monument qui ne soit ni serbe ni bosniaque ni croate pour cette guerre oubliée plus que terminée. – Seul un artiste international comme vous peut dessiner quelque chose d’intéressant, on m’a dit. Quelque chose qui ne soit pas partisan, on m’a dit. Qui prenne en compte les souffrances de tous les camps, on m’a dit. Drôle d’idée qu’un monument à la souffrance, j’ai pensé”, Pierre Marquès C’est alors que commence pour les auteurs une traversée des ruines de cette guerre balkanique, pour qui “les souvenirs, les traces, les marques sur les façades, sur les visages, le passé devient la seule façon de voir le présent.” Un roman graphique, premier d’une longue série. “Pierre Marquès, dit Mathias Énard, reprend et transforme les grandes problématiques de l’art contemporain, donnant ainsi une signification profonde et engagée à un médium que certains croyaient en dangerd’extinction : la peinture.”

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Manuel de terrorisme à l’usage des débutants, ce livre, agrémenté d’une cinquantaine d’illustrations, renseignera utilement l’amateur de savoir-vivre, et si nécessaire, de savoir-mourir. Pour éclairer sa lanterne – comme Virgilio, un apprenti artificier des îles Caraïbes –, il profitera des dix leçons de sagesse d’un maître en ces matières explosives.

Les auteurs tiennent à décliner toute responsabilité quant aux conséquences esthétiques, politiques ou digestives liées à la mise en pratique des conseils ici recueillis. Toute ressemblance avec des personnes présentes ou à venir serait certes surprenante, mais pas impossible.

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